Cour martiale

Informations sur la décision

Résumé :

Date de l’ouverture du procès : 9 novembre 2004.
Endroit : CMR Kingston, Kingston (ON).
Chef d’accusation:
• Chef d’accusation 1 : Art. 97 LDN, ivresse.
Résultats:
• VERDICT : Chef d’accusation 1 : Coupable.
• SENTENCE : Une réprimande.

Contenu de la décision

Page 1 de 4 Référence : R. c. Le major B.L. Murray, 2004 CM 51 Dossier : S200451 COUR MARTIALE PERMANENTE CANADA ONTARIO COLLÈGE MILITAIRE ROYAL DE KINGSTON Date : 12 novembre 2004 PRÉSIDENT : COLONEL K.S. CARTER, J.M. SA MAJESTÉ LA REINE c. LE MAJOR B.L. MURRAY (Accusé) SENTENCE (Prononcée oralement) TRADUCTION FRANÇAISE OFFICIELLE [1] Major Murray, la Cour se trouve dans une situation inhabituelle : elle est en plein accord avec le contrevenant en ce qui concerne la peine appropriée à prononcer dans cette affaire, aussi elle vous condamne à une réprimande. [2] Comme la fort bien résumé lavocat, la détermination de la peine par les cours martiales vise à protéger lintérêt public dans le cadre du droit et de lordre, à susciter la dissuasion générale et spécifique et à conduire à lamendement et à la réinsertion. Lobjectif final de la détermination de la peine dans une cour martiale est de rétablir la discipline parmi les militaires et, au besoin, chez le contrevenant. [3] Comme lavocat, la Cour est davis quen lespèce la dissuasion générale constitue lélément principal à prendre en compte. Celle-ci doit servir à dissuader dautres personnes se trouvant dans une situation de provocation, analogue à celle dans laquelle vous vous trouviez aux premières heures du 4 juillet 2003, de prendre de mauvaises décisions parce quelles sont sous linfluence de lalcool. Comme vous lavez compris, un instant dabsence de maîtrise de soi peut suffire à vous placer dans une situation explosive, quen temps normal vous seriez en mesure déviter, ou, que vous aideriez même à désamorcer et à résoudre sans incident.
Page 2 de 4 [4] Comme le montre le résultat de la recherche effectuée par votre avocat, les infractions dues à la consommation dalcool constituent un problème endémique pour les Forces canadiennes, certaines étant plus graves que dautres. Bien que lon puisse parfois être tenté de croire quen interdire la consommation résoudrait de nombreux problèmes, cela na jamais été démontré. Il est indispensable dencourager une consommation dalcool modérée et responsable et de reconnaître que sous linfluence de lalcool, même consommé en faible quantité, les personnes risquent de devenir plus impulsives et dagir avec moins de retenue. La vérité est peut-être dans le vin, mais le vin peut aussi être générateur de gros ennuis, même pour les plus responsables dentre nous. [5] Léventail des infractions relatives à livresse et des infractions connexes sont punissables de sanctions, allant dune amende peu élevée à la détention, selon la nature des circonstances de linfraction et la personnalité du contrevenant. [6] En lespèce, la Cour a considéré que linfraction était dune gravité faible à modérée sur léchelle des infractions relatives à livresse. Il nétait pas question de service; il sagissait dun incident isolé qui nimpliquait, au moment des faits, aucun gradé; lincident a été de courte durée; vous seul avez subi des lésions. Par ailleurs, il y a eu usage de la violence, même si celle-ci a été provoquée par une remarque extrêmement désobligeante à légard de votre femme et par votre perception déformée de la situation. [7] Le facteur le plus aggravant tient à votre grade, et le fait que finalement on apprendra quun major et un pilote ont participé à une bagarre divrognes à lextérieur dun bar, sur une base, avec un groupe de techniciens dun escadron nest pas propice au maintien de la discipline. [8] La Cour doit se prononcer sur linfraction que vous avez commise, dans le contexte global de votre personnalité, de votre service antérieur et des conséquences possibles de la condamnation et de la peine qui vous seront infligées. [9] La preuve documentaire, les témoignages de vos collègues au procès principal et votre propre témoignage prouvent que vous êtes un homme charmant, agréable et raisonnable, qui a un rendement très élevé, a apporté une contribution inestimable aux Forces canadiennes et est en mesure de continuer dans cette voie. [10] La Cour a examiné votre Sommaire des dossiers personnels et est impressionnée par le nombre de formations professionnelles que vous avez suivies. La Cour a examiné vos RAP, et sur lun deux, 15 des 16 éléments de notation du rendement sont au niveau le plus élevé : cest la première fois que la Cour voit cela devant une cour martiale. La Cour les a lus avec attention et en citera ici quelques-uns.
Page 3 de 4 [11] Dans le RAP couvrant la période du 1 er avril 2001 au 31 mars 2002, à la rubrique rendement et possibilités, on vous décrit comme un chef déquipe très respecté, comme quelquun qui prend des décisions sages et judicieuses, qui sexprime de façon claire et persuasive. On vous décrit comme un superviseur très expérimenté qui dispose non seulement dimmenses connaissances opérationnelles mais fait aussi preuve de maturité et de joie de vivre, et comme un chef extrêmement capable et un officier exceptionnellement compétent. [12] Dans le RAP couvrant la période davril 2002 à mars 2003, on vous décrit comme quelquun avec qui lon aime travailler, bon pour le moral. Vous avez reçu des félicitations pour un exposé captivant, donné de façon très vivante. Vous avez été remarqué comme quelquun faisant preuve dun dévouement impressionnant, naturellement doué de colossales compétences en leadership, et ayant une production prodigieuse. On vous a décrit comme quelquun qui sefforce continuellement daméliorer ses effectifs et qui a le courage daffirmer ses convictions, qui a de lesprit et qui sait avoir raison, tout en étant prêt à accepter des instructions contraires, le cas échéant. [13] Enfin, dans le troisième RAP qua reçu la Cour, on vous décrit comme quelquun dont le rendement continue à être des plus élevés, qui a fait monter et sélargir de façon incroyable le niveau de satisfaction des clients, comme un communicateur doué et « lhomme de la situation » des escadrons. [14] Il ressort indubitablement de vos RAP que votre rendement est exceptionnel. La Cour a également tenu compte de votre rendement scolaire. Vous avez obtenu des A+, une très bonne note, pour la moitié des cours que vous avez terminés et des A pour les autres cours. Parallèlement, vous avez également entrepris des études supplémentaires pour mieux vous préparer à votre rôle de chef dans les Forces canadiennes et à les servir de façon plus efficace. [15] Enfin, il y a un élément aussi important que le contenu des documents : vous faites tout cela tout en soutenant énergiquement la collectivité et votre famille, c'est-à-dire votre femme et vos trois fils âgés de onze, neuf et huit ans. [16] Cet incident ne correspond pas à votre personnalité et est isolé. La Cour espère et pense quil ne devrait pas entraîner la prise de mesures administratives contre vous. Cet incident aura toujours des répercussions sur vous, mais il est à espérer, que, finalement, il fera de vous un chef encore meilleur. Il ne fait aucun doute pour la Cour que dans des circonstances normales, vous ne distribuez pas de coups de poings aux militaires du rang, même aux plus agressifs. [17] Ce qui illustre peut-être le mieux votre personnalité, cest le fait que vous avez suggéré à votre avocat de demander une sanction plus sévère que celle recommandée par le ministère public. La Cour retient, en fait, que votre évaluation est
Page 4 de 4 la plus précise et que la peine est, à de nombreux égards, beaucoup plus appropriée que nimporte quelle amende que la Cour pourrait vous imposer et aura sur vous des effets qui se prolongeront bien plus longtemps, non seulement pour des raisons techniques mais aussi parce que vous la prendrez vraiment à cœur. La Cour espère que toute cette affaire aura finalement pour effet de mieux vous préparer à faire en sorte de ne pas permettre aux jeunes pilotes confiés à vos soins et à votre garde de se trouver dans une situation analogue. [18] Laudience tenue par la présente cour martiale concernant le major Murray est levée. Vous pouvez partir. COLONEL K.S. CARTER, J.M. Avocat : Le capitaine de vaisseau K.A. Reichert, directeur des Poursuites militaires, Procureur de Sa Majesté la Reine Le major L. Boutin, Direction du service d'avocats de la défense, Avocat du major B.L. Murray Le capitaine de vaisseau A.H. Bolik, Direction du service d'avocats de la défense, Avocat adjoint du major B.L. Murray
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